« Frère
! je n'ai pas perdu espoir ni courage. La vie est partout la vie, la
vie est en nous, et non dans le monde extérieur. A mes côtés, il
y aura des hommes, et être homme parmi les hommes et le
rester à jamais, dans tous les malheurs possibles ne pas perdre
espoir et courage, voilà où est la vie, où est son but. J'en ai
pris conscience. Cette idée m'est entrée dans la chair et le sang.
Oui, c'est la vérité ! cette tête qui créait et vivait de la vie
suprême de l'art, qui avait connu les besoins élevés de l'esprit
et s'y était accoutumée, cette tête-là est déjà séparée de
mes épaules. Ne restent que la mémoire et les images créées et
que je n'ai pas encore incarnées. Elles me rongeront, c'est vrai !
Mais en moi demeurent un cœur, et cette même chair, ce même sang
qui peut également aimer et souffrir, désirer et se souvenir, et
cela, c'est tout de même la vie ! On voit le soleil ! »
( Lettre de Fiodor Dostoïevski à son frère – 22 décembre
1849)
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