Il faut laisser le bas aller jusqu'au bas, laisser la
décomposition organique du monde se poursuivre. C'est vers la fin
déjà, ça va vers sa fin, il ne faut rien toucher à l'agonie en
cours, ne surtout pas réparer ce qui se détraque – autant mettre
du fond de teint sur les joues cireuses d'une morte. Laisser
proliférer les images aveugles : quelque chose
vient par en-dessous, quelque chose vient à notre rencontre.
vient par en-dessous, quelque chose vient à notre rencontre.
Il y a dans la douleur une pureté infatigable, la même que dans
la joie, et cette pureté
est en route dessous les tonnes d'imaginaire congelé.
[…]
est en route dessous les tonnes d'imaginaire congelé.
[…]
Je distrais, dit la télévision, et elle ne fait plus rire depuis longtemps.
On ne peut pas faire de la culture pour tout le monde, dit la
télévision, et on n'ose pas lui répondre que ce n'est pas un
problème de culture mais d'intelligence, ce qui n'est pas du tout du
même ordre. L'intelligence n'est pas affaire de diplômes. Elle peut
aller avec mais ce n'est pas son élément premier. L'intelligence
est la force, solitaire, d'extraire du chaos de sa propre vie la
poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin
que soi – vers l'autre là-bas, comme nous égaré dans le noir.
Je donne dans le sentiment, dit la télévision, et on n'a pas le
courage de lui montrer l'abîme qu'il y a entre le sentiment et la
sensiblerie.
C'est pas moi, dit la télévision à bout de course, c'est le
peuple, je fais ce que veut le peuple – et il n'y a plus qu'à se
taire devant l'analphabétisme grave de la télévision
et de ceux
qui la font. Le mot de peuple est un des plus beaux de la langue française. Il
dit le manque et l'entêtement, la noblesse des gueux sous l'incurie
des nobles. Il dit le contraire exact de ce que dit la télévision.
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