« - Mais où sont passés les
intellectuels ?
– Tu veux parler de ces gens censés
penser pour nous ?
– C’est ça, on les appelle les
intellectuels.
– Qu’ils restent dans leurs
fauteuils feutrés. Aujourd’hui, on n’a pas besoin d’être
quelqu’un qui pense à part pour défendre une cause commune. Toi
et moi sommes peut-être des intellectuels qui s’ignorent.
– Sauf que nous sommes perdus,
engagés dans l’arène et sans repères.
– Parce que tu penses que d’autres,
moins déboussolés, sauraient nous montrer la voie ou qu’ils
arriveraient à en identifier le point d’accès ?
– C’est ce qu’ils sont censés
faire.
– Justement. Ils ne semblent plus en
mesure de le faire.
– Le drame est que les gens, comme
toi et moi, sortis dans la rue pour crier leur colère, gardent une
longueur d’avance sur eux.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Parce que toi et moi avons provoqué
pour le coup un tournant que ces soi-disant intellectuels n’ont
même pas perçu à l’horizon.
– Mais ce ne sont pas des devins, à
ce que je sache.
– Si. Leur métier est bien
d’analyser l’humain, le social, le politique. J’ai comme
l’impression qu’ils ne voient pas l’essentiel.
– Ou le perçoivent vaguement mais
hésitent à le nommer par rigueur scientifique.
– Ou n’osent pas le faire par
frilosité politique.
– Parfois, le silence a autant de
retentissement que la parole... »
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