Depuis que les anciens Dieux avaient
perdu leurs temples, leurs derniers fidèles, ceux qu'on appelait les
païens, descendirent de plus en plus rares vers les demeures
d'Hadès, apportant à la foule innombrable des morts qui les
attendait sur le rivage
de tristes nouvelles du monde des vivants :
«
Que ceux qui ont laissé des fils sur la terre n'espèrent pas les
revoir : nos fils ont renié le culte de leurs pères ; à leur mort,
au lieu de passer le fleuve pour venir nous rejoindre, ils
s'endormiront dans l'attente d'une résurrection prochaine et du
paradis qu'ils disent fermé pour nous. Que ceux qui regrettent la
vie se gardent de boire le Léthé : des peuples barbares couvrent la
terre, et, au nom du Dieu nouveau,
on a détruit tout le divin
travail de la pensée des vieux âges. »
(Louis Ménard, Lettres d’un mort
:
opinions d’un païen sur la société moderne, 1895)
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