J'ai été un très mauvais parent
d'élèves. J'ai écrit exprès des mots d'excuses illisibles.
J'ai
signé en avance plusieurs pages de carnets de correspondance
pour
que mes enfants cessent d'être punis quand j'oubliais de signer.
Je n'ai jamais vérifié le moindre devoir.
Je n'ai jamais vérifié le moindre devoir.
J'ai signalé à un prof de maths qui voulait me voir parce qu'il trouvait R. insolente (alors qu'elle avait juste la discourtoisie d'être plus vive que lui...) que, n'étant ni policier, ni magistrat, ni employeur, il n'avait vis-à-vis de moi aucun pouvoir de convocation,
histoire d'entamer
des échanges constructifs.
J'ai subi avec patience les rendez-vous parents profs, quand je ne réussissais pas à me défiler, pour m'entendre dire qu'ils avaient des capacités mais
ne
foutaient pas grand chose. J'ai été peu entendu quand j'ai essayé
de leur répondre que c'était mieux que le contraire.
La réunion de présentation de l'année de seconde était mortellement ennuyeuse. Comme elle avait lieu dans le réfectoire, j'ai volé des salières. J'ai même fumé dans la cour en sortant, alors que c'est interdit à l'air libre des lycées.
C'est une interminable tranche de vie qui se termine pour ma plus grande satisfaction.
Une mention spéciale pour les profs d'arts plastiques de mon enfance et de mon adolescence, qui s'accordaient tous pour m'estimer dénué du moindre talent et pratiquaient si bien cette forme douce de mépris compassionnel
et surplombant qui va parfois avec le métier
d'enseignant.
Je leur dois d'avoir trouvé mes chemins par moi même et c'est déjà pas si mal...
Bref, malgré cela, 66,6666 pour cent de mes enfants sont bacheliers.
Le 33,3333 pour cent
restant est ébéniste et marqueteur.
Ça, ça vaut tous les bac du
monde!
(François Varry, Sculpteur)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire