mercredi 10 avril 2013

Epica - We will take you with Us...

« Le silence est certainement la qualité humaine la plus paradoxale. Appréciable dans bien des situations, il sait aussi se faire plein de non-sens, d'interprétations intrinsèques les plus folles. On appelle cela l'indifférence, ou encore l'impassibilité ; un peu comme un portrait millénaire a la peinture fade qui vous fixe du regard, l'air sournois, les bras croisés, un sourire ambigu aux coins des lèvres. » (Auteur inconnu)






mardi 9 avril 2013

Et je classerai ce dossier sous les églantines / Je suis un peu jardinier et je fais la cuisine... (Thomas Fersen - Monsieur)

"J'ai vécu, aimé - que dis-je ? j'ai eu la foi,
et aujourd'hui il n'est de mendiant que je n'envie pour le seul fait qu'il n'est pas moi.
En chacun je regarde la guenille, les plaies et le mensonge
et je pense : « peut-être n'as-tu jamais vécu ni étudié, ni aimé, ni eu la foi »
(parce qu'il est possible d'agencer la réalité de tout cela sans en rien exécuter) ;
« peut-être as-tu à peine existé, comme un lézard auquel on a coupé la queue,
et la queue séparée du lézard frétille encore frénétiquement ».

J'ai fait de moi ce que je n'aurais su faire,
et ce que de moi je pouvais faire je ne l'ai pas fait.
Le domino que j'ai mis n'était pas le bon.
On me connut vite pour qui je n'étais pas, et je n'ai pas démenti et j'ai perdu la face.
Quand j'ai voulu ôter le masque
je l'avais collé au visage.
Quand je l'ai ôté et me suis vu dans le miroir,
J'avais déjà vieilli.
J'étais ivre, je ne savais plus remettre le masque que je n'avais pas ôté.
Je jetai le masque et dormis au vestiaire
comme un chien toléré par la direction
parce qu'il est inoffensif -
et je vais écrire cette histoire afin de prouver que je suis sublime."

(Fernando Pessoa)




samedi 6 avril 2013

Ca avance toujours...

Romance somnambule (extraits)
Vert c’est vert que je te veux.
Vert le vent. Verts les rameaux.
Nacelle voguant sur l’eau
Cheval par les monts rocheux.
La taille drapée de noir
Au balcon rêvant le soir
Chair verte et vert le cheveu
D’argent froid elle a les yeux.
Vert c’est vert que je te veux.
Sous la lune gitane
Vers elle vont les regards
Vers elle qui ne peut voir.
 
Vert c’est vert que je te veux.
D’amples étoiles de givre
Le poisson de nuit dirigent
Traçant de l’aube la piste.
Le figuier frotte sa brise
Au crin dur de ses ramages.
La montagne chat sauvage
Hérisse pointes d’agaves.
Qui viendra ? De quel côté ?
Elle à son balcon restée
Chair verte et le cheveu vert
Rêve amère de la mer.
[...]
Federico García Lorca, Romancero gitan