lundi 27 janvier 2014

« Je est les liens que je tisse. » Avec cette définition, la compétition, la lutte contre l'autre, apparaissent comme des comportements au mieux infantiles, au pire suicidaires. (Lettre d’Albert Jacquard à Toi, son arrière-petit-enfant)



  "Écrire une histoire n'était pas aussi simple que de rédiger une lettre, ou de raconter une anecdote à un ami. Pourtant je pensais que cela aurait dû l'être. Tchekhov disait que c'était facile. Mais je produisais rarement une page entière en une journée. Les mots m'obsédaient, les relations étranges entre leurs sons, comme s'ils recélaient une musique, le chant bizarre d'un démiurge duquel émergeaient des images, des choses virtuelle, rues, arbres, gens. La musique allait crescendo comme si c'était elle l'histoire. Je devais laisser le champ libre, attendre le déclic, mais je n'y parvenais pas. J'étais un mauvais danseur, j'entendais la musique, j'effectuais les pas, mais j'étais incapable 
de me laisser emporter dans la danse."
 
(Leonard Michaels - Sylvia)

samedi 25 janvier 2014

« Eh grand Dieu ! qu’importe, je vous prie ? Qu’importe, à la fin de cette courte vie, d’avoir réalisé un type plus ou moins complet de félicité extérieure ? Ce qui importe, c’est d’avoir beaucoup pensé et beaucoup aimé ; c’est d’avoir levé un œil ferme sur toute chose, c’est en mourant de pouvoir critiquer la mort elle-même. » (Ernest Renan)




"Oui, c'est évident,

L'Univers est noir, surtout la nuit.
Mais moi je suis comme tout le monde.
Pourvu que je n'aie ni mal aux dents ni cor aux pieds, 
les autres douleurs passent.
Avec les autres douleurs on fait des vers.
Avec celles qui font mal, on crie.

L'intime constitution de la poésie
Est une aide énorme...
(Elle sert d'analgésique pour les douleurs de l'âme, 
qui sont faibles...)

Laissez-moi dormir."

(Fernando Pessoa - Poèmes d'Álvaro de Campos -  1930)

mardi 21 janvier 2014

"C'est la mort de la littérature ce garçon : ses mots éclaboussent comme des images..." (Daniel Pennac - Mr Malaussène)


"Je peins à la renverse, je peins en coup de vent, je peins une peau sur les pierres, je peins pour la pieuvre un cerveau aux circonvolutions fabuleuses, je peins au tour, je peins à tâtons, je peins partout en regardant ailleurs, je peins à la place de Dieu, je peins au mépris de la prudence des feux d'artifice sous les chapeaux, je peins le plan détaillé du labyrinthe qui est le plus court chemin de vous à moi, je peins des traces de pas sur les plafonds, je peins derrière devant, je peins des puzzles tout d'une pièce, je peins mes ennemis bouclés dans la chambre d'amis, je peins sur mon plâtre un corps invulnérable, je peins des taches nouvelle mode pour les vaches, je peins par anticipation,
je peins des élastiques qui ne font pas tous la grimace,
je peins en catastrophe des équilibres parfaits." 

(Gaston Chaissac - D'Attaque)

samedi 18 janvier 2014

"Ici, le mystère est absolu; nous sentons bien en nous la voix d'un autre monde mais nous ignorons quel est ce monde. Que nous dit cette voix ? Des choses assez claires. D'où vient cette voix ? Rien de plus obscur." (Ernest Renan)




    "Il va de soi que consciemment ou non je puisais dans mes lectures à l’improviste, inspiré par une mémoire confuse et le dictionnaire devait m’apprendre le sens réel du mot dont je m’étais servi. 

    C’était un bonheur de se procurer son propre étonnement."

    (Jean-Claude Pirotte, 2013)

    dimanche 12 janvier 2014

    Sujet de Figure du Désordre : Le Diable est passé...


    "Ce sont des lettres-miroirs, Caïn. C'est ainsi qu'on invoque le Diable.
    Quand il vient, il peut exaucer un vœu et nous débarrasser 
    des gens qui nous embêtent..."

    (Kaori Yuki - Comte Cain - La marque du Bélier Rouge)


    "Ô Seigneur, s'il y a un Seigneur;
    Sauvez mon âme, si j'ai une âme."

    (Ernest Renan - Prière d'un sceptique)


    " Suites d’ombres et de lumière
    ce sont tels quels les dessins de l’esprit
    qui se manifeste en permanence
    Ces figures, êtres humains, Voie lactée, Ashura ¹, et oursins
    absorbent pareillement la lumière cosmique, l’air ou l’eau salée –
    – et chacun réfléchit à une nouvelle ontologie
    – mais ces dessins eux-mêmes sont paysages de l’esprit
    Toutefois ces paysages mentaux inscrits en nous avec certitude
    sont tels qu’ils existent
    S’il s’agit du néant il est semblable au néant lui-même
    – car de même que le tout est tous en moi
    il est le tout à l’intérieur de chacun."

    ¹ Ashura : terme bouddhique d’origine indienne désignant des êtres démoniaques qui se sont égarés. En proie à l’orgueil et à la convoitise, ils sont condamnés à combattre le Ciel de façon incessante. Pour l’auteur, les hommes sont comme des Ashura et il ne leur est pas possible d’échapper à leur état que grâce à l’Illumination. Ashura fait référence à ce que l’auteur à trouvé de noir en lui-même.

    (Kenji Miyazawa - Printemps et Ashura)

     

    "When devils will the blackest sins put on ;
    They do suggest at first with heavenly shows ;
    As I do now."

    (Shakespeare - Iago – Othello)


    "The vision of Christ that thou dost see. Is my vision's greatest enemy."

    (William Blake - The Everlasting Gospel)


    Gabriel : ''This war is mine.
    Lucifer : Your war is arrogance. That makes it evil. That's mine."

    (Gregory Widen - The Prophecy)


    - ''Je vous appelle ici-bas. Vous êtes la terre & les cieux. Le jour & la nuit. La lumière & l'obscurité. Le bien & le mal. Celui qui regarde & qui est observé. Celui qui crée & qui détruit. Celui qui aime & qui hait. Toi...

    - C'est bon! Les invocations ne sont rien d'autre que des plaintes... J'entends toujours ce que vous dites. Tout comme je sais à quoi vous pensez. Si vous pensez à moi, je suis déjà là. Pas besoin de prononcer mon nom. Je ne suis pas d'accord avec le fait que vous m'appeliez démon... mais ça n'a aucune importance."

    (Brain's Base - Baccano! - Episode 7)


    "La nature ressemble à ces femmes qui ont un œil bleu et un œil noir. Voici l'œil noir dessiné à l'encre – à l'encre de la petite vertu. On donnera peut-être l'œil bleu plus tard.
    Après, ''les Diaboliques'', ''les Célestes''... si on trouve du bleu assez pur.
    Mais y en a-t-il?"

    (Jules Barbey d'Aurevilly - Préface des Diaboliques)

    "Entre l’idée
    Et la réalité
    Entre le mouvement
    Et l’acte
    Tombe l’Ombre

    Car Tien est le Royaume

    Entre la conception
    Et la création
    Entre l’émotion
    Et la réponse
    Tombe l’Ombre

    La vie est très longue

    Entre le désir
    Et le spasme
    Entre la puissance
    Et l’existence
    Entre l’essence
    Et la descente
    Tombe l’Ombre

    Car Tien est le Royaume"

    (Thomas Stearn Eliot - La Terre vaine et autres poèmes)

    (Merci à Alain, Amaury, Angélique, Jacques, Jef, Lawrence, Leila & Tortequesnes pour leurs témoignages, textes et idées et surtout pour m'avoir permis de les utiliser. Les textes qui sont affiliés à vos illus respectives servent d'introductions aux images, ils n'ont pas forcément de lien direct avec vos propos mais plus avec l'idée générale que je m'en faisais.)

    vendredi 3 janvier 2014

    « Le soleil se lève avant moi, moi je me couche après lui : nous sommes quittes.  » (Jules Renard)






    « Horoscope :

    Cette année, les aveugles ne verront que bien peu,
    les sourds entendront assez mal, les muets ne parleront guère,
    les riches se porteront un peu mieux que les pauvres,
    et les gens en bonne santé mieux que les malades.
    Plusieurs moutons, boeufs, pourceaux, oisons, poulets et canards mourront,
    mais la mortalité ne sera pas si cruelle chez les singes et les dromadaires.
    Vieillesse sera incurable cette année à cause des années passées.
    Ceux qui seront pleurétiques auront grand mal au côté.
    Ceux qui auront des diarrhées iront souvent au cabinet.
    Les catarrhes descendront cette année du cerveau jusqu'aux membres inférieurs.
    Le mal des yeux sera fort contraire à la vision.
    En Gascogne,
    les oreilles seront courtes et rares plus que de coutume.
    Et quasi universellement régnera une maladie bien horrible et redoutable, maligne, perverse, épouvantable et déplaisante, laquelle terrifiera le monde;
    sous son influence, plusieurs ne sauront de quel bois faire flèche,
    et bien souvent chercheront à s'en tirer en rêvassant,
    en raisonnant sur la pierre philosophale et les oreilles de Midas.
    Je tremble de peur quand j'y pense ; car je vous dis que cette maladie sera une épidémie, et Averroès (Colliget, VII) l'appelle "manque d'argent". »

    (Rabelais, Pronostics pantagruélins certains, véritables et infaillibles pour l'année perpétuelle, 1532)