dimanche 31 mars 2013

Vrac...












"J’ai lu quelque part l’histoire d’un philosophe qui avait terminé ses jours à l’asile car il avait compris que ses livres étaient un ensemble de lettres écrites aux prolétaires communistes, et que ceux-ci ne les liraient jamais. Ce n’étaient que les intellectuels qui lisaient ses œuvres 
et ils n’en faisaient rien que des commentaires. 
Il a dû sans doute ressentir à l’intérieur de lui un silence très proche de celui-ci, comme une objection toute puissante à ce que l’on peut raconter de notre présent.
Son corps a dû se remplir des gens qui ne parlent jamais. Des gens qui n’ont rien à dire de leurs vies à la limite de l’alphabet, aux marges de la loi, qu’aucune langue n’abrite 
et dont il n’y a rien à expliquer."  

(Claire Fontaine)

lundi 25 mars 2013

WorkShop : Qu'est-ce que le sauvage aujourd'hui ?

"Un soir du temps où les jours et les nuits n'avaient déjà plus chacun leur aube et leur crépuscule je longeais la clôture du jardin zoologique fermé depuis trente ans et arrivé à l'ancienne entrée d'hiver je regardais vibrer la gerbe de roses blanche déposée devant la statue du renard blanc érigée en mémoire de la blancheur éternelle des goupils transportés dans la transe des enragés et regardant passer un homme qui riait et pleurait déguisé en singe qu'on aurait forcé à endosser l'uniforme des pompiers je sentais venir contre la cage d'os qui enfermait mon coeur l'intense souvenir du souffle de feu réunissant les derniers soupirs de toutes les bêtes disparues et ayant poussé la vieille porte je voyais une porte neuve d'acier noir entrouverte en bas du pavillon d'accueil et je courais soulever la toile qui recouvrait une pancarte 
sur laquelle j'avais encore la force de lire : 

Clinique Azoug 
Avis : 
 unique patient cherche volontaire pour le visiter."

(Asile d'Azur- Jean-Marc Lovay)