jeudi 26 décembre 2013

«J'écris en m'attardant sur les mots comme devant des vitrines où je ne verrais rien et ce qui m'en reste, ce sont des demis-sens, des quasi-expressions, telles les couleurs d'étoffes à peine aperçues, des harmonies entrevues et composées de je ne sais quels objets.» (Pessoa - Le Livre de l'intranquillité)





« Well hello there little boy.
Don't be shy.
Step right up, I'm a reasonable guy.
Don't be frightened by the look in my eye.
I'm just your average evil meteor from outta the sky.
Well, I'm just shy and scared in this place
I'm just a fish outta water from outer space
You can see that the trip has left me tired and drained
So why don't you be a pal...

And bring me some BRAINS!

Go down to your neighbor's place
See the dull expression on his face
you'd be doing him a favor if you brought him to me
He aint using his brain he's just watching TV!
Go down to Mr. McGee's
He hasn't had a thought since '43.
His brain is the portrait of atrophy.
He ain't using it, why not give it to me?

BRAINS, BRAINS, I won't lie,
I'll eat their brains 'til they're zombified.
Sure they might think it's deranged
But they won't give it a thought
After I've eaten their brain.
BRAINS, BRAINS, It's okay.
It's not a matter if it isn't gray,
And if at first they think it's strange,
they won't think twice
If they don't have a brain!

Go down to the Wonton shop,
My fortune cookie says that I just can't stop
I suck the noodle right out of their heads
And half an hours later, I'm hungry again!
Creep into the donut stop
Sneak in tip-toe past the cop.
Pick me up a cruller and a cupful of tea.
And any other sweetbreads you happen to see.

BRAINS, BRAINS, I won't lie...

Brains, Brains, I love 'em, I need 'em...
My tummy jumps for joy when I eat 'em.
Big ones, fat ones, short ones, tall ones,
They're so delectable, especially the small ones.
No time to cook 'em in a skillet.
My belly's rumblin', I got a need to fill it.
I don't fry 'em, the heat will only shrink 'em,
I'll just grab myself a straw and I drink 'em!!!

You've been swell to go around
And bring me every single brain in town
But with all these brains, I can't help but think
That there isn't one left out there to drink.
Now fess up boy, come on, Heck!
Is there someone that you're trying to protect?
Bring her down here to meet her end
And I promise I'll be your bestest friend.

BRAINS, BRAINS, I won't lie... »

(Voltaire – Brains!)

mardi 24 décembre 2013

« Un jour nous avons possédé le monde, mais nous l’avons dévoré et brûlé. » (Harry Harrison, Soleil vert, 1966)




« Je suis d’argent et exact. Je n’ai pas de préjugés.
Tout ce que je vois je l’avale immédiatement,
Tel quel, jamais voilé par l’amour ou l’aversion.
Je ne suis pas cruel, sincère seulement —
L’œil d’un petit dieu, à quatre coins.
Le plus souvent je médite sur le mur d’en face.
Il est rose, moucheté. Je l’ai regardé si longtemps
Qu’il semble faire partie de mon cœur. Mais il frémit.
Visages, obscurité nous séparent encore et encore.»

(Miroir - S. Plath)

vendredi 20 décembre 2013

« On voit de chaque buisson Surgir d'étranges racines ; Maigres bras, longues échines... » (Sur le pays des chimères - Gérard de Nerval)











"Je suis un équilibriste,
Funambule, fildefériste,
Façonnant le fil d'un destin moins triste.
J'ai pour horizon la terre entière,
Je surplombe les nues et les enfers,
Et si tout va bien, demain je serai loin

Je serai loin de ce jour où je me suis perdu,
J'avance vers l'aube à pas suspendus,
De plus en plus serein, je trace mon chemin...

Et je sens le vent dérider mon visage,
Emporter un à un les mirages ;
Je vois le jour revenu,
Beau comme une main tendue,
Et je trace mon chemin ;
Demain je serai loin..."
 
(L'équilibriste - Christophe Bastien / DSLZ)

jeudi 19 décembre 2013

"On devrait rendre l'art de la construction obligatoire dès la maternelle ça calmerait les ardeurs destructrices de certains …" (Alain Erard)




« Sa lampe se mourait. Il ouvrit la fenêtre. Le soleil se levait. Il regarda sa lettre,
Rit et la déchira… Les petits morceaux blancs,
Dans la brume, semblaient un vol de goélands. »

(Penmarc’h - Jour de Noël ; Tristan Corbière, les Amours Jaunes )

mardi 17 décembre 2013

« En croissant je deviens l'Une indivisible, ronde et pleine sans un tourment. » (MiddayWoman)





"Je crois au monde comme à une pâquerette,
Parce que je le vois. Mais je ne pense pas à lui
Parce que penser c’est ne pas comprendre…
Le Monde ne s’est pas fait pour que nous pensions à lui
(penser c’est avoir mal aux yeux)
Mais pour que nous le regardions avec un sentiment d’accord…

Moi je n’ai pas de philosophie : j’ai des sens…
Si je parle de la Nature, ce n’est pas que je sache ce qu’elle est,
Mais parce que je l’aime, et je l’aime pour cette raison
Que celui qui aime ne sait jamais ce qu’il aime,
Ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c’est qu’aimer…

Aimer, c’est l’innocence éternelle,
Et l’unique innocence est de ne pas penser."

(Fernando Pessoa - sous le nom d'Alberto Caeiro, Le gardeur de troupeaux)

dimanche 15 décembre 2013

"La vie vient et puis s'en va : v-i-e-n-t-v-a /à épeller comme ça /c'est facile, on pense pas..." (Berceuse aux petits vampires - Anne Sylvestre)





"Crois-en mon expérience : tu trouveras quelque chose de plus dans les bois que dans les livres. Les arbres et les rochers t’enseigneront
ce que tu ne pourrais apprendre des plus grands maîtres."
(Bernard de Clairvaux)

samedi 14 décembre 2013

"La nuit n'est peut-être que la paupière du jour." (Omar Khayyâm)







  « Je suis revenue sur mes pas. Le vent froid de la nuit poussait le papier vers la grille des eaux pluviales, encore un instant et il disparaîtrait au fond. Je voulais me souvenir de la phrase que j’avais écrite et je ne me souvenais plus de rien, pas même du mot « Afortunada ». Chanceuse. J’avais pensé que ce qui était écrit n’était peut-être rien et pourtant, une fois perdu, ça me semblait être un trésor. Je me suis précipitée sur le bout de papier qui n’arrêtait pas de courir en cahotant tout droit vers la grille, mû par une force d’attraction, telle une balle de golf vers le trou. Ma chance s’en allait avec lui. Chanceuse. J’ai rattrapé le bout de papier au dernier instant, je l’ai déplié devant mes yeux 
et j’ai vu qu’il était intact : 

« Afortunada, afortunada, elle a de la chance et ne désire rien. » 

Mais il n’y avait pas que ces mots-là, non, quelqu’un avait écrit : 

« Elle a un amour et n’a pas d’amant
 Elle a un logis et n’a pas de maison
 Elle a de la chance et ne désire rien. » 

(Lidia Jorge, La nuit des femmes qui chantent)

dimanche 8 décembre 2013

« Singulier monde, que celui du rêve ! Les pensées, les paroles intérieures, en dedans, se pressent, fourmillent. Tout ce petit monde se hâte de vivre avant le réveil, qui est sa fin, sa mort à lui.  » (Jules Renard)





À la mémoire de Zulma vierge folle hors barrière
et d'un Louis

"Elle était riche de vingt ans,
Moi j'étais jeune de vingt francs,
Et nous fîmes bourse commune,
Placée, à fond-perdu, dans une
Infidèle nuit de printemps...

La lune a fait un trou dedans,
Rond comme un écu de cinq francs,
Par où passa notre fortune :
Vingt ans ! vingt francs !... et puis la lune
En monnaie - hélas - les vingt francs
En monnaie aussi les vingt ans !
Toujours de trous en trous de lune,
Et de bourse en bourse commune...
- C'est à peu près même fortune !

- Je la trouvai - bien des printemps,
Bien des vingt ans, bien des vingt francs,
Bien des trous et bien de la lune
Après - Toujours vierge et vingt ans,
Et... colonelle à la Commune !

- Puis après : la chasse aux passants,
Aux vingt sols, et plus aux vingt francs...
Puis après : la fosse commune,
Nuit gratuite sans trou de lune."

 Tristan CORBIERE (1845-1875)
(Recueil : Les Amours jaunes )