dimanche 24 septembre 2017

Car la vie est bien souvent une pute borgne qui vous soufflette d'un revers de sa main gantée de lambeaux de cuir bon marché. (Le Fossoyeur de Films)

 
Riverside (Les Berges du Fleuve)

Down by the river, by the boats
Près du fleuve, près du port
Where everybody goes to be alone
Là où chacun va afin d'être seul
Where you won't see any rising sun
Où vous ne verrez aucun soleil levant
Down to the river, we will run
Près du fleuve, nous irons courir

When by the water, we drink to the dregs
Quand du fleuve, nous boirons l'eau amère
Look at the stones on the river bed
Alors, regardez les pierres qui en font le lit
I can tell from your eyes :
Je peux le voir dans vos yeux :
You've never been by the riverside
Vous n'avez jamais été si près du bord du fleuve

 Down by the water, the riverbed
Au bord de l'eau, du lit du fleuve
Somebody calls you, somebody says :
Quelqu'un vous appelle, quelqu'un dit :
Swim with the current and float away
Nagez avec le courant et laissez-vous porter
Down by the river, everyday
Au bord du fleuve, tous les jours

Oh my God! I see how everything is torn in the river deep
Oh mon Dieu! Je vois comme tout est détruit et git au fond de la rivière
And I don't know why I go the way
Et je ne sais pourquoi je suis encore ce chemin
Down by the riverside
Des rives du fleuve

When that old river runs, pass your eyes
Tant que ce vieux fleuve coule, plonges-y tes yeux
To wash off the dirt on the riverside
Pour enlever ta propre saleté sur ses berges
Go to the water so very near
Va te plonger dans l'eau si proche
The river will be your eyes and ears
Le fleuve sera tes yeux et tes oreilles
 
I walk to the borders on my own
J'arpente de moi-même les rives du fleuve
To fall in the water just like a stone
Afin de tomber dans l'eau comme une pierre
Chilled to the marrow in the bones
Qui me glacera jusqu'à la moelle des os
Why do I go here all alone
Pourquoi dois-je y aller tout seul?

Oh my God! I see how everything is torn in the river deep
Oh mon Dieu! Je vois comme tout est détruit et git au fond de la rivière
 
And I don't know why I go the way
Et je ne sais pourquoi je suis encore ce chemin
 
Down by the riverside
Des rives du fleuve


vendredi 22 septembre 2017

Pour rendre une chose fort terrible, l’obscurité semble généralement nécessaire. Lorsque nous connaissons toute l’étendue d’un danger, lorsque nous pouvons y habituer nos yeux, une grand part de l’appréhension s’évanouit. (Recherche [...] du sublime et du beau, Burke)

 
J'ai été un très mauvais parent d'élèves. J'ai écrit exprès des mots d'excuses illisibles. 
J'ai signé en avance plusieurs pages de carnets de correspondance 
pour que mes enfants cessent d'être punis quand j'oubliais de signer.
Je n'ai jamais vérifié le moindre devoir.

J'ai signalé à un prof de maths qui voulait me voir parce qu'il trouvait R. insolente (alors qu'elle avait juste la discourtoisie d'être plus vive que lui...) que, n'étant ni policier, ni magistrat, ni employeur, il n'avait vis-à-vis de moi aucun pouvoir de convocation, 
histoire d'entamer des échanges constructifs.

J'ai subi avec patience les rendez-vous parents profs, quand je ne réussissais pas à me défiler, pour m'entendre dire qu'ils avaient des capacités mais 
ne foutaient pas grand chose. J'ai été peu entendu quand j'ai essayé 
de leur répondre que c'était mieux que le contraire. 

La réunion de présentation de l'année de seconde était mortellement ennuyeuse. Comme elle avait lieu dans le réfectoire, j'ai volé des salières. J'ai même fumé dans la cour en sortant, alors que c'est interdit à l'air libre des lycées. 

C'est une interminable tranche de vie qui se termine pour ma plus grande satisfaction.
Une mention spéciale pour les profs d'arts plastiques de mon enfance et de mon adolescence, qui s'accordaient tous pour m'estimer dénué du moindre talent et pratiquaient si bien cette forme douce de mépris compassionnel 
et surplombant qui va parfois avec le métier d'enseignant.

Je leur dois d'avoir trouvé mes chemins par moi même et c'est déjà pas si mal...

Bref, malgré cela, 66,6666 pour cent de mes enfants sont bacheliers. 
Le 33,3333 pour cent restant est ébéniste et marqueteur. 

Ça, ça vaut tous les bac du monde!

(François Varry, Sculpteur)


vendredi 15 septembre 2017

L'azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icône. Il semble qu'au soleil couchant le ciel qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu. Un jour inespéré se lève tandis que sur la mer la nuit reprend ses appuis. (Une histoire de bleu - Jean-Michel Maulpoix)


"The great stories, the ones that really mattered, full of darkness and danger they were. Sometimes you didn’t want to know the end, because how could the end be happy? How could the world go back to the way it was when there’s so much bad that had happened? But in the end it’s only a passing thing, this shadow; even darkness must pass." 

 (J. R. R. Tolkien)

dimanche 10 septembre 2017

Il faut toujours rechercher le désir de la ligne, le point où elle veut entrer ou mourir. (Henri Matisse)



 
[Tu seras] un sage et un maître entre tous les hommes, un vieillard éternel et un menteur. Je te prédis que ta clairvoyance et le désir du bien t’acculeront à mentir, 
non à toi-même mais à autrui […]. 

Tu n’aimes pas ce monde et tu m’as dit vouloir en inventer un autre. Mais dans toute invention il y a un leurre et la recherche de la vérité même passe par l’illusion. Comment autrement persuader le faible qu’il a des droits, le fort qu’il a des devoirs ?

(Merlin – Michel Rio)

mardi 5 septembre 2017

Trop a toujours été la mesure de mon monde intérieur. (Marina Tsvetaïeva - lettre à Octave Aubry)

 
Si la poésie naît de ces moments précieux où la solitude est effacée par le murmure des rêves partagés, ou bien de ces heures furtives où les pensées se mêlent 
ou s’épanouissent dans la chaleur des confidences, alors mes mains, 
comme les vôtres, sont pleines de fleurs.

(Anaïs Nin)



dimanche 3 septembre 2017

One more dance along the razor's edge finished. Almost dead yesterday, maybe dead tomorrow, but alive, gloriously alive, today. (Robert Jordan)


Je suis une lectrice avant d’écrire. L’écriture est pour moi l’enfant de la lecture. Et je n’écris jamais sans lire. Je suis toujours accompagnée de lecture et de plus je considère que quand j’écris je lis, c’est-à-dire que tout ce que j’écris n’est que lecture. C’est une banalité, évidemment, mais il me semble que quand je suis en train d’écrire, c’est que je suis en train de lire ce qui n’a pas encore été écrit, ce que je suis en train de faire : transcrire. Donc je lis le livre invisible qui est devant moi et je suis accompagnée de livres visibles et lisibles qui sont autour de moi, l’acte d’écrire est un acte de lecture, je feuillette une sorte de livre cosmique et je le copie. En fait je suis une copiste du livre invisible

(Hélène Cixous)

vendredi 1 septembre 2017

Dans la matière, il n'y a pas de dieux. Dans l'équilibre, il n'y a pas de dieux. Les dieux sont nés de la séparation des forces et ils mourront de leur réunion. (Antonin Artaud - Héliogabale ou l'Anarchiste couronné)


 
A quinze ans, j’étais fatigué de vivre. Sans doute faut-il être si jeune 
pour se sentir si vieux…

De quoi souffre-t-on à quinze ans?

De ça, justement: d’avoir quinze ans. De ne plus être un enfant et pas encore 
un homme. De nager au milieu du fleuve, une rive quittée, l’autre non rejointe, buvant 
la tasse, coulant, remontant, luttant contre les tourments du courant avec 
un corps nouveau qui n’a pas fait ses preuves, seul, suffoqué.

Violents, mes quinze ans, rudes. La réalité frappe, entre, s’installe et trucide les illusions. Gamin, je pouvais me rêver mille destinées - aviateur, policier, prestidigitateur, pompier, vétérinaire, garagiste, prince d’Angleterre -, m’imaginer de nombreuses apparences - grand, fin, trapu, musclé, élégant -, me doter de talents variés - les mathématiques, la musique, la danse, la peinture, le bricolage -, m’attribuer le don des langues, la facilité pour le sport, l’art de la séduction, bref, je pouvais me déployer 
dans tous les sens puisque je n’avais pas encore de réalité. 
Qu’il était beau l’univers, tant qu’il n’était pas vrai… 

Quinze ans, voilà que mon champ d’action se rétrécissait, les possibles tombaient 
comme des soldats à la guerre, mes rêves aussi. Charnier. Massacre. 
Je marchais dans un cimetière de songes.

(Ma vie avec Mozart - Eric-Emmanuel Schmitt)