dimanche 19 octobre 2014

« Et puis, il y a ceux que l’on croise, que l’on connait à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie. » (Victor Hugo)



  « L'Antiquité se méfiait des marins. Livrés sans défense aux caprices des océans, ils apparaissaient chargés de trésors inestimables à l'instant même où ils étaient portés disparus ou, au contraire, s'évanouissaient à jamais, victimes de leur hardiesse ou capturés par les pirates.
Au VIe siècle avant Jésus-Christ, le poète Anacharsis mettait ses concitoyens en garde; "Les marins, disait-il, ne sont ni tout a fait des vivants , ni tout à fait des morts." Ils appartiennent au monde incertain de l'entre-deux, voguant entre le connu et l'inconnu, ce ne sont que des funambules qui marchent sur le fil ténu de leur chute, tenus en suspens! Pourtant, ces hommes aux traits burinés par les embruns, hâlés par le soleil de haute mer, couverts d'un épais manteau de laine ou à peine d'un pagne ne cessent d'intriguer leurs contemporains. C'est qu'il sont un peu sorciers et par conséquent hypocrites. D'ailleurs, ils possèdent entre eux un langage propre grâce auquel ils échangent des informations qu'ils désirent à tout prix préserver.
Dans tout les cas, ce sont des vagabonds hermétiques, des aventuriers, fils des dieux marins, et leurs bateaux ne sont que de frêles traits d'union, lancés à la conquête d'un ciel incertain où l'azur et l'océan se conjuguent parfois avec cet inconnu qui enchante le rêve des hommes.
Que le bateau alors prenne la mer et rejoigne les nuages, les troubles brouillards et les évanescentes fumerolles dont nous entourons les songeries, les légendes et les mythes qui, de leurs insaisissables contours, nimbent les improbables conquêtes, 
les aventures défaillantes ou les rêves possible. »

(Mû – Hugo Pratt – Eddy Devolder)



dimanche 12 octobre 2014

« The comments on any article on feminism will invariably prove the need for feminism. » (Lewis’s Law)




« Et pourtant, je crois en l’aristocratie. Si le mot est exact et si un Démocrate peut l’employer. Non pas à une aristocratie de pouvoir basée sur le rang et l’influence,
mais à celle des prévenants, des discrets et de ceux qui ont du cran.

On trouve ses membres dans toutes les nations, parmi toutes les classes et chez des gens de tout âge. Et il y a comme une connivence secrète entre eux quand ils se croisent.
Ils représentent la seule vraie tradition humaine, l’unique victoire permanente
de notre drôle de race sur la cruauté et le chaos.

Des milliers d’entre eux périrent dans l’obscurité; peu sont de grands noms.
Ils sont à l’écoute des autres comme ils le sont d’eux-mêmes, sont attentionnés
sans en faire des tonnes et leur vaillance n’est pas une pose
mais plutôt une aptitude à pouvoir tout endurer.

Et en plus… Ils ont de l’humour. »

(E.M Forster)

jeudi 2 octobre 2014

« Il ne suffit pas d’avoir de l’esprit. Sans le caractère, les œuvres d’art, quoi qu’on fasse, seront toujours médiocres ; l’honnêteté est la première condition de l’esthétique. » (Flaubert)





« Moi, j'avais l'idéal logé dans un coin de ma cervelle, et il ne me fallait que quelques jours d'entière liberté pour le faire éclore. Je le portais dans la rue, les pieds sur le verglas, les épaules couvertes de neige, les mains dans mes poches, l'estomac un peu creux quelquefois, mais la tête d'autant plus remplie de songes, de mélodies, de couleurs, de formes, de rayons et de fantômes. Je n'étais plus une dame, je n'étais pas non plus un monsieur. On me poussait sur le trottoir comme une chose qui pouvait gêner les passants affairés. Cela m'était bien égal, à moi qui n'avais aucune affaire. 
On ne me connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas ; 
 j'étais un atome perdu dans cette immense foule. » 

(George Sand - Histoire de ma vie, IV, 14)