samedi 17 janvier 2015

« Au reste ce mal, s’il est plus aigu pour les jeunes, est commun à toute l’humanité d’aujourd’hui. Nous vivons une époque privée d’avenir. L’attente de ce qui viendra n’est plus espérance, mais angoisse. » (Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale, Simone Weil-1934)



« Je suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j'ai mes pieds. Je l'aime avec tous ses défauts, toutes ses tares. Je l'aime à cause de ça. J'aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J'aime ce qui manque et ce qui dépasse, j'aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clés, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise... je veux faire entrer l'air
dans mes poumons ... je veux respirer. » 

(Terrienne – JC Mourlevat)

mercredi 14 janvier 2015

« Après avoir erré longtemps dans la brousse, il atteint un village où se dresse une potence : "Dieu soit loué, me voilà en pays civilisé". » (J. Swift)





« Frère ! je n'ai pas perdu espoir ni courage. La vie est partout la vie, la vie est en nous, et non dans le monde extérieur. A mes côtés, il y aura des hommes, et être homme parmi les hommes et le rester à jamais, dans tous les malheurs possibles ne pas perdre espoir et courage, voilà où est la vie, où est son but. J'en ai pris conscience. Cette idée m'est entrée dans la chair et le sang. Oui, c'est la vérité ! cette tête qui créait et vivait de la vie suprême de l'art, qui avait connu les besoins élevés de l'esprit et s'y était accoutumée, cette tête-là est déjà séparée de mes épaules. Ne restent que la mémoire et les images créées et que je n'ai pas encore incarnées. Elles me rongeront, c'est vrai ! Mais en moi demeurent un cœur, et cette même chair, ce même sang qui peut également aimer et souffrir, désirer et se souvenir, et cela, c'est tout de même la vie ! On voit le soleil ! » 

 ( Lettre de Fiodor Dostoïevski à son frère – 22 décembre 1849)

mercredi 7 janvier 2015

« Et après je serai seule au monde comme un Mon Chéri égaré dans une boîte de Ferrero Rocher. » (S.P.Pernault)



"La nuit, c'était le plus beau de ses trous de mémoire. Les paroles s'en allaient vers le haut, avec la fumée des cigarettes. Les filles riaient. Les copains de rencontre faisaient le public. Les dealers aussi. On oubliait la guerre du dehors. On réveillait celle du dedans qui vous ronge, qui vous fait peur, qui se mêle à vous. Il valait mieux la partager,
en rire à plusieurs, pour se retrouver ensuite, les yeux éteints,
devant les premiers rayons du soleil."

(François Léotard - A mon frère qui n'est pas mort)