jeudi 17 août 2017

Seuls entre les créatures nous savons que nous sommes de passage entre la naissance et la mort-Et désirons enseigner à chaque nouvelle conscience d'être profonde et claire comme un océan de cristal à travers lequel nous pourrions voir le lit de l'océan et d'une rive à l'autre. (Edward Bond)


Avant, en deuxième partie de soirée de l'enfer télévisuel, quand on s'enjaillait pas encore avec son bol de Chipsters devant New-York Unité Spéciale Police Judiciaire à téma des culs-terreux en tuxedo tataner le barreau, on pouvait tracer en segway jusqu'au tribunal du ter ter pour envoyer des pouces à tous les fdp qui devaient esquiver la guillotine en suçant les teubs des boss de la cité et ça c'était bon délire frère, tu pouvais amener ton p'tit kebab posément et la résoi passait à la bien oklm.

Socrate clairement c'était le plus gros cramé du slam judiciaire, le type il lâchait rien, il avait des fat couilles en titanium à côté Superman il mangeait sa chipo toute molle en rageant mdr!! Donc j'te pose le délire bogoss, Socrate il est obligé d'enchainer les hadoken parce que la cité lui a mis la grosse misère sur son vieux dos de papy en mode « eh le barbu philosophe, on va te déglingue avec tous les trucs les plus pétés du code pénal ptdr!! » genre « on t'voit filer des bonbons à nos p'tits babies à la sortie de l'école! en plus c'est même pas des Krema rageux, tu leur refiles du Marque Repère, tu te fous grave de nos gueules!!! » ou « faut arrêter de kiffer les zobs que tu fais dans la glaise comme des dieux c'est pas bon délire ça, on a pas inventé des top models avec des pouvoirs pour que personne les vénère ok??? »

Mais lui Socrate il leur file walou, il reste là 30 jours en zonzon à dire « ok vous savez quoi les cons moi je suis un boss et comme j'suis un boss j'vous en veux même pas d'être tous cons, gros respect sur vos mifa allez j'lâche mon like sur l'Instagram de ta reuss et même pas c'est pour pécho tkt!!! » et à faire du backstab sournois sur les consciences des jurés!! donc d'abord normal il dit « non, non, j'ai rien fait m'sieur l'inspecteur franchement j'ai des grosses circonstances atténuantes!!!! » et après comme il voit de toute façon les athéniens ils s'en branlent de ce qu'il bave il dit « ok bon ben au moins me mettez pas une quenelle enflammée, à la limite j'veux bien être condamné à m'enjailler au Domac lol!!! » et l'assemblée est genre « WHAAATTT??? » gros craqué mdrr il a bien géré!!!

Mais les juges c'est en mode balek intégral « Socrate t'es ptête le plus grand philosophe de l'univers mais nous tu sais quoi on s'en tape donc ben on va te tuer lol allez kiss!!!! » et Socrate à ce moment-là c'est Van Damne il a transcendé le langage il est tous les éléments parce que la morale de dingo c'est que en gros si tu te tapes une injustice de malade toi ça te fait rien t'es immunisé mais par contre ça colle un gros dash cancel dans la ganache des injustes et c'est ça le sérieux badtrip, c'est que Socrate il va s'enjailler dans l'au-delà mais les jurés eux ils vont se taper les milles tourments d'Hadès!!! genre Cerbère il va les manger!!! pas cool hein lool??? donc si tu veux pas te faire défonce par le caniche à trois têtes faut bien respecter la vérité et après avoir baratiné mille ans Socrate il dit « ok allez un shot de cigüe oklm et see ya les frères!!! »

Voilà, c'est les hipsters de la sagesse c'est Grand Corps Malade à Guantanamo c'est Maître Capello en autotune c'est l'Apologie de Socrate.

(Apologie de Socrate, Platon)

vendredi 11 août 2017

Ils ont tous leur voix et leur manière de gémir ou de chanter ; mais ils ne savent ce qu’ils disent, à ce que prétend cette sorcière. Elle ment : les arbres se plaignent ou se réjouissent innocemment. Elle ne peut pas les comprendre, elle qui ne pense qu’au mal ! (George Sand – Le chêne parlant)

 
« Ils déambulèrent le long des murailles du port, passèrent devant des temples et de grands bâtiments municipaux. Puis ils traversèrent un petit parc avec une fontaine, en empruntant une allée bordée de statues. De jeunes couples marchaient la main dans la main. A gauche, un orateur haranguait une petite foule. Il parlait de l'indispensable égoïsme qu'était la recherche de l'altruisme. Sieben s'arrêta 
quelques minutes pour l'écouter et repartit.

- C'était intéressant, tu ne trouves pas? demanda-t-il à son compagnon. Il suggérait qu'au bout du compte, les bonnes actions sont un acte égoïste, puisque les gens qui les accomplissent se sentent mieux après. Par conséquent, ils ne sont pas généreux 
mais n'ont agi que pour se faire plaisir.

Druss secoua la tête et lança un regard noir au poète.

- Sa mère aurait dû lui apprendre qu'on ne pète pas avec la bouche.

- Dois-je comprendre que c'est ta manière subtile de m'expliquer que tu n'es pas d'accord avec lui? rétorqua hargneusement Sieben.

- Cet homme est un idiot.

- Comment vas-tu me prouver ça?

- Je n'ai pas besoin de te le prouver. Si un homme me sert une assiette de bouse, je n'ai pas besoin d'en goûter pour savoir que ce n'est pas de la viande.

- Explique-toi, insista Sieben. Fais-moi part de cette philosophie 
de campagne tant vantée.

- Non, répondit Druss en continuant comme si de rien n'était.

- Mais pourquoi? demanda Sieben en sautillant à côté de lui.

- Je ne suis qu'un bûcheron. Je connais les arbres. Une fois j'ai travaillé dans un verger. Tu savais qu'on pouvait prendre une pousse de n'importe quelle variété d'arbre et la greffer sur un pommier? Un arbre peut avoir une vingtaine de variétés. C'est la même chose pour les poires. Mon père m'a toujours dit que c'était pareil avec les hommes et le savoir. On peut toujours en greffer mais cela doit aller de pair avec le cœur. Tu ne peux pas greffer un pommier avec un poirier. C'est une perte de temps 
et je n'aime pas perdre mon temps.

- Tu as cru que je n'avais pas compris tes propos? demanda Sieben 
avec un sourire moqueur.

- Il y a des choses que tu sais et d'autres que tu ne sais pas. Et je ne peux pas te greffer ce savoir. Dans les montagnes, j'ai vu des fermiers planter des rangées d'arbres au milieu des champs; comme ça, le vent n'emporterait pas les couches arables. Mais il faut une centaine d'années à un arbre pour faire paravent. Donc, ces fermiers travaillaient pour le futur, pour des gens qu'ils ne connaîtraient même pas. Ils l'ont fait, simplement parce que c'était la chose à faire – et pas un d'entre eux ne serait capable de débattre avec ce moulin à paroles prétentieux qu'on vient de voir. Ni avec toi. 
Mais il n'est pas nécessaire qu'ils le fassent.

- Ce moulin à paroles prétentieux est le premier ministre de Mashrapur, un politicien brillant et un poète réputé. Je suis sûr qu'il serait mortellement humilié d'apprendre qu'un jeune paysan inculte n'est pas d'accord avec sa philosophie.

- Il suffit de ne pas lui dire, répondit Druss. On n'a qu'à le laisser là, servir des assiettes de bouse à des gens qui croient dur comme fer que c'est de la viande. »

(Druss la Légende – David Gemell)


mardi 8 août 2017

Je sais que ma naissance est un hasard, un accident risible, et cependant, dès que je m'oublie, je me comporte comme si elle était un événement capital, indispensable à la marche et à l'équilibre du monde. (Cioran - De l'inconvénient d'être né)

 
Être, dans le tournoiement des mondes, comme une poussière de fleurs, qu’un vent inconnu soulève dans le jour finissant, et que la torpeur du crépuscule laisse retomber au hasard, indistincte au milieu de formes plus vastes. Être cela de connaissance sûre, sans gaieté ni tristesse, mais reconnaissant au soleil de son éclat, et aux étoiles de leur éloignement. En dehors de cela, ne rien être, ne rien avoir, ne rien vouloir… Musique de mendiant affamé, chanson d’aveugle, objet offert par un voyageur inconnu, traces dans le désert de quelque chameau avançant, sans charge et sans but…

[…]

La liberté, c’est la possibilité de s’isoler. Tu es libre si tu peux t’éloigner des hommes sans que t’oblige à les rechercher le besoin d’argent, ou l’instinct grégaire, l’amour, la gloire ou la curiosité, toutes choses qui ne peuvent trouver d’aliment dans la solitude ou le silence. S’il t'est impossible de vivre seul, c’est que tu es né esclave. Tu peux bien posséder toutes les grandeurs de l’âme ou de l’esprit : tu es un esclave noble, 
ou un valet intelligent, mais tu n’es pas libre.

(Fernando Pessoa - Le livre de l’intranquillité)