samedi 2 novembre 2013

« Est-ce que cela arrive ? » – « Non, cela n’arrive pas. » – « Quelque chose arrive cependant. »



« Jamais de sommeil entre eux, même s’ils dorment. Il a depuis longtemps accepté cela.

[...]

« Quand vos paroles seront au même niveau que les miennes, quand les unes et les autres seront ainsi égales, elles ne parleront plus. » – « Sans doute, mais entre elles se retiendra l’égalité silencieuse. » 

[...]

« Il m’attirait, il m’attirait sans cesse. » – « Où vous attirait-il ? » – « Eh bien, dans cette pensée que j’ai oubliée. » – « Et de lui, pouvez-vous mieux vous souvenir ? » – « Je ne le puis pas. Comme
 je l’ai oublié. Comme il m’attire, celui que j’ai oublié. »

Quand elle parle, et ses mots entraînés doucement, son visage glissant à son tour, s’enfonçant dans le cours de la parole égale, elle l’attire, lui aussi, dans ce même mouvement d’attrait où elle ne sait 
qui elle suit, qui la précède.
Comme s’il avait glissé, par l’attrait de l’affirmation sans mesure, vers cet espace vide où, 
la conduisant, la suivant, il demeure en attente entre voir et dire.

La nuit comme un mot unique, le mot fin répété sans fin. »

(Maurice Blanchot - l’Attente – l’Oubli / 1962)

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