jeudi 1 décembre 2016

La nature n’a que faire d’un grand destin pour se montrer et déployer sa force. Partout, dissimulée ou au grand jour, elle se manifeste avec la même intensité. (Montaigne)










Et ce qui m’arriva par la suite en ce lieu,
Je ne le sais pas bien - je ne l’ai jamais su -
Je perdis la lumière, ensuite ce fut l’air,
Enfin l’obscurité :
Je n’avais ni pensée ni sentiment - néant -
J’étais moi-même pierre au milieu de ces pierres,
Pareil, dans mon état de quasi-inconscience,
A un rocher stérile entouré de brouillards ;
Car tout était pour moi vide, sinistre et gris.
Ce n’était pas la nuit, ce n’était pas le jour ;
Ce n’était même pas la lueur du cachot,
Que mon regard pesant ne souffrait pas de voir,
Mais un vide absolu qui absorbait l’espace,
Une immobilité sans véritable place ;
Il n’y avait ni temps, ni étoiles, ni terre,
Ni frein, ni changement, ni bien non plus, ni mal,
Mais un profond silence et l’inertie de l’air
Qui ne tenait ni de la vie ni de la mort ;
Un océan de stagnation, d’oisiveté,
Aveugle, muet, immobile et infini.
(Le Prisonnier de Chillon, Byron 1816)

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