samedi 17 février 2018

Nulla dies sine linea - Pas un jour sans une ligne. (Pline l’Ancien)


   (La Dame à l'Hermine - De Vinci)                (Jeanne Hébuterne -au chapeau- Modigliani)

"Le grand gamin fou est passé chez moi la nuit dernière et l’on s’est mis à parler de la DOULEUR et du monde qui nous entoure, et de la difficulté de continuer tout simplement à vivre et à poursuivre son chemin, ce genre de choses, la façon d’être des femmes, 
la façon d’être des choses… et j’ai dit au gamin :

« Écoute, tu sais comment ça arrive ce genre de trucs : je suis parfois dans ma chambre en train de chercher un trombone par exemple, histoire de traîner un peu, et d’un seul coup ça me prend – LA DOULEUR – c’est comme-ci un type m’avait balancé un direct dans l’estomac – je sais exactement à quel endroit, je sens le TROU – c’est un mélange de douleur, de terreur et d’incompréhension (j’ai eu des ulcères, ça n’a rien à voir), 
c’est tout simplement cette chose qui fond sur toi et qui te prend…»

« Je sais » il a répondu « Je ressens la même chose, il m’arrive parfois de pleurer. 
Je pleure en silence mais je sens les larmes couler… »

Comme tu peux le voir, Gregory, le chemin est difficile pour chacun d’entre nous. Dylan [Thomas] a bu jusqu’à plus soif, Hem et Van Gogh aimaient les fusils et Chatterton la mort-aux-rats. Je la ressens cette douleur maintenant que je suis en train de frapper. Je m’entends dire aux cliquetis que fait ma machine, faites qu’elle parte ! faites que tout s’en aille, mais ça ne marche pas. je la vois là dehors désormais. Delongpre Av. Le monde. Une toile d’araignée faite d’excréments. La survie est un filet de bave indécent. o.k."

(Lettre de Charles Bukowski à Gregory Maronick, 26 novembre 1971)


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