dimanche 15 avril 2018

The sun is also a warrior. Knowledge can also destroy. Nor can the kindest will, Preserve you from the kill. Not all of wisdom brings joy. (Leslie Fish)


Il faut laisser le bas aller jusqu'au bas, laisser la décomposition organique du monde se poursuivre. C'est vers la fin déjà, ça va vers sa fin, il ne faut rien toucher à l'agonie en cours, ne surtout pas réparer ce qui se détraque – autant mettre du fond de teint sur les joues cireuses d'une morte. Laisser proliférer les images aveugles : quelque chose
vient par en-dessous, quelque chose vient à notre rencontre. 

Il y a dans la douleur une pureté infatigable, la même que dans la joie, et cette pureté
est en route dessous les tonnes d'imaginaire congelé.
 […]

Je distrais, dit la télévision, et elle ne fait plus rire depuis longtemps.

On ne peut pas faire de la culture pour tout le monde, dit la télévision, et on n'ose pas lui répondre que ce n'est pas un problème de culture mais d'intelligence, ce qui n'est pas du tout du même ordre. L'intelligence n'est pas affaire de diplômes. Elle peut aller avec mais ce n'est pas son élément premier. L'intelligence est la force, solitaire, d'extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin 
que soi – vers l'autre là-bas, comme nous égaré dans le noir.

Je donne dans le sentiment, dit la télévision, et on n'a pas le courage de lui montrer l'abîme qu'il y a entre le sentiment et la sensiblerie. 

C'est pas moi, dit la télévision à bout de course, c'est le peuple, je fais ce que veut le peuple – et il n'y a plus qu'à se taire devant l'analphabétisme grave de la télévision 
et de ceux qui la font. Le mot de peuple est un des plus beaux de la langue française. Il dit le manque et l'entêtement, la noblesse des gueux sous l'incurie des nobles. Il dit le contraire exact de ce que dit la télévision.

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