vendredi 9 mars 2018

On m'a nourrie derrière des barreaux dans une marmite de fer ; mais une nuit je sentis que j’étais Bagheera - la panthère - et non pas un jouet pour les hommes, je brisai la misérable serrure d’un coup de patte, et m’en allai. (Le Livre de la Jungle - Rudyard Kipling)

 
Comme j’étais malheureuse, j’ai décidé que j’étais moche. Du coup, j’ai longuement traîné sur des forums de moches. (Parce qu’évidemment, sur les forums beauté, c’est pas des meufs trop belles qui viennent poster parce que les meufs trop belles, ce temps précieux, elles le consacrent à niquer et elles ont bien raison). 

Et finalement, j’ai décidé d’aller chez le coiffeur. Ça, ça prouve que j’étais vraiment désespérée. Je suis nulle en deux choses dans la vie : en chaussures et en cheveux. Du coup, j’en achète jamais (ni des chaussures ni des cheveux, vous avez bien compris).

J’ai toujours choisi des coiffeurs qui me maltraitaient, des coiffeurs qui sentaient qu’ils pourraient facilement avoir l’ascendant sur moi, ce qui m’arrange parce que je suis une soumise du cheveu. J’entretiens clairement un rapport sadomasochiste 
avec mes coiffeurs.[…] 

Il y a quelques années, quand j’ai découvert Ben le coiffeur, j’étais convaincue que je ne pourrais décemment pas trouver un coiffeur qui me traiterait plus mal que lui. (Ni un coiffeur chez qui je pourrais fumer.) Ben m’insultait, me disait que j’étais moche, que mes cheveux étaient affreux et surtout, surtout, il ne me demandait même pas ce que je voulais comme coupe vu que dans son esprit j’étais une sombre merde à peine capable d’articuler trois mots: « Bonjour, combien, merci ». Et le fait que je m’obstine à lire du Roland Barthes pendant qu’il m’insultait n’y changeait rien.

Malheureusement, Ben a dû fermer son salon (mais proposait de venir me massacrer chez moi) et j’ai dû changer de coiffeur. Et alors, j’ai rencontré Caro. Pur miracle. Soyons clair : Caro me terrorise. Caro ne me reconnait jamais (en même temps, j’y vais une fois l’an). Caro n’aime pas trop son travail. En règle générale, Caro est toujours de mauvaise humeur. (Caro est très française.) Caro a une putain de classe de ouf. J’imagine très bien que Caro était la rebelle la plus cool de son lycée.




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